De plus en plus controversée, la décision de faire dégriffer (onyxectomie) son chat ne doit pas être prise à la légère. Dans certains cas, cette chirurgie peut avoir des conséquences à court et long terme sur l’animal (infection, hémorragie, douleur aiguë et chronique, contractures des tendons, changement de démarche, changements comportementaux) et plusieurs alternatives existent et doivent être considérées avant d’opter pour cette chirurgie irréversible. Le dégriffage est déjà interdit dans plusieurs pays européens ainsi que dans certaines provinces canadiennes. Il est toutefois encore permis au Québec pour le moment.
Quelles-sont les alternatives?
Une solution qui peut sembler évidente consiste simplement à habituer votre chat dès son plus jeune âge à se faire tailler les griffes régulièrement tout en faisant du renforcement positif (ex.: gâterie). Ceci pourra significativement diminuer tous les inconvénients de cohabiter avec un chat avec des griffes.
Apprendre à détecter les signes précurseurs d’une griffade à toute la famille aidera à éviter les blessures possibles. Lorsqu’un chat donne des coups de queue saccadés, baisse les oreilles, grogne ou crache, c’est signe qu’il est contrarié. Il faut le laisser tranquille avant qu’il ne passe à l’action!
Comme alternative au dégriffage, l’usage des protège-griffes devient de plus en plus populaire. Il s’agit de capsules en vinyle non-toxiques et esthétiques collées au bout de chacune des griffes du chat, sans interférer avec la rétraction de celles-ci. Ainsi, l’animal conserve ses griffes, mais ne peut abîmer les meubles, les planchers, ou graffigner votre peau. Les protège-griffes peuvent demeurer en place environ 1 mois en moyenne. Les griffes doivent être bien taillées avant chaque changement de protège-griffes. L’utilisation de cette alternative peut être temporaire, soit le temps que le chat apprenne à faire ses griffes au bon endroit. Toutefois, dans certains cas, la procédure doit être répétée tout au long de la vie de l’animal. Notez que les protège-griffes sont déconseillés pour les chats allant à l’extérieur de la maison.
Certaines personnes offrent le service de pose de protège-griffes à domicile, ou vous pouvez apprendre à le faire vous-même si désiré, ou sinon chez le toiletteur. Vous éviterez sans doute ainsi plusieurs égratignures tout en permettant à votre chat de conserver ses griffes, de même que son comportement naturel.
D’autre part, l’usage des poteaux à griffes (griffoirs) peut complètement enrayer le problème des griffures de meubles ou rideaux. Les résultats seront meilleurs si ces poteaux sont utilisés dès le plus jeune âge de l’animal et en utilisant le renforcement positif (récompenses, gâteries, câlins) lorsque que le chat s’en sert adéquatement. Les griffoirs doivent être positionnés stratégiquement près de l’entrée des pièces, près des meubles ou rideaux convoités ou partout où le chat aime faire ses griffes. Un bon griffoir doit être solide, stable et assez haut pour permettre au chat de s’allonger de tout son long et d’étirer sa colonne vertébrale. Au début, il peut être utile d’utiliser une gâterie ou un jouet pour attirer l’animal afin de l’habituer à utiliser les griffoirs. Le site web educhateur.com peut vous fournir des conseils intéressants quant à l’usage des griffoirs ainsi que plusieurs autres informations sur le comportement félin. Entre-temps, afin d’éviter que votre chat ne soit tenté de retourner griffer vos meubles, vous pouvez le décourager en installant temporairement sur ceux-ci des textures moins attrayantes, comme du papier d’aluminium, une toile de plastique ou du papier collant double-face.
Enfin, enrichir l’environnement de votre chat ne fera que consolider les conseils mentionnés précédemment en permettant de rediriger son désir de griffer. Un chat qui ne s’ennuie pas aura moins tendance à abîmer les objets que vous souhaitez épargner. Bâtir des structures pour permettre à votre chat d’y grimper ou de s’y cacher, lui faire des tunnels, lui fournir divers jouets, le faire courir après un pointeur laser, utiliser un diffuseur de phéromones apaisantes, cacher sa nourriture en petites quantités plutôt que de la mettre dans un bol sont autant de façons d’enrichir l’environnement et le quotidien de votre compagnon.
Qu’est-ce que l’onyxectomie?
Si aucune des alternatives mentionnées précédemment n’est satisfaisante, l’onyxectomie peut être pratiquée. Cette chirurgie consiste en l’ablation totale de la griffe par l’amputation de la troisième phalange sur laquelle elle est fusionnée. Cette intervention se fait sous anesthésie générale et nécessite une hospitalisation de 2 jours. Chaque trou laissé par l’intervention est refermé à l’aide d’un point de suture fondant (au bout de chaque doigt). Les points disparaîtront donc en environ 2-3 semaines. Le chat pourrait nécessiter des bandages qu’il gardera alors en place jusqu’au lendemain de l’onyxectomie pour prévenir les saignements. Comme précautions à la maison, il faudra garder l’animal au repos et lui fournir une litière en papier journal pour deux semaines, car le gravier de la litière régulière pourrait s’insérer dans les plaies et infecter les pattes avant que la guérison ne soit complétée.

L’onyxectomie est fortement déconseillée pour les chats allant à l’extérieur, puisque l’animal ne peut alors plus se servir de ses griffes pour se défendre, pour attraper des proies ou pour se sauver en grimpant dans un arbre par exemple.
Quand peut-on faire l’onyxectomie?
Si l’onyxectomie doit absolument avoir lieu, il est préférable qu’elle soit pratiquée sur un jeune chaton (≥2,5 livres). Étant jeune, l’animal est donc moins pesant et sa convalescence sera d’autant plus raccourcie et moins douloureuse que lorsque l’animal est plus vieux.
L’onyxectomie est donc déconseillée sur un animal adulte ou obèse. La convalescence de ces animaux risque d’être beaucoup plus longue et ardue que si la chirurgie avait été faite en jeune âge. Ces chats ont aussi plus de risques de garder certaines séquelles à long terme, voire à vie (inconfort, boiterie).
Est-ce une procédure douloureuse? Comment peut-on réduire cette douleur?
Malheureusement, l’onyxectomie demeure une chirurgie douloureuse. Il existe toutefois de multiples façons de réduire considérablement cette douleur. Outre que de pratiquer l’intervention en jeune âge, certains médicaments (anti-douleurs) réduiront la douleur reliée à cette intervention tout en favorisant la guérison de l’animal. Les anti-douleurs utilisés consistent en une injection qui est administrée à l’animal lors de son réveil, et une médication orale à lui donner quotidiennement pour la semaine suivant la chirurgie.
D’autre part, une analgésie locale supplémentaire (bloc circulaire) au moment de l’intervention sera effectuée pendant que l’animal est endormi. Cette analgésie consiste en de multiples petites injections sous-cutanées qui éliminent complètement la perception de la douleur pendant quelques heures, ce qui rend le réveil du chat plus paisible.
Nous offrons aussi le service de chirurgie au laser. L’onyxectomie effectuée au laser réduit considérablement les saignements, l’enflure et les risques d’infection post-opératoire. Pendant la chirurgie, le laser va également cautériser les terminaisons nerveuses responsables de la perception de la douleur par l’animal et par conséquent, améliorer le confort de ce dernier. Grâce au laser, les bandages ne sont souvent pas nécessaires. Le laser peut toutefois être utilisé seulement sur les chats pesant plus de 4 livres.
Pour toute autre information, n’hésitez pas à vous informer auprès de votre vétérinaire.